Par
une magnifique journée ensoleillée, une quinzaine de fidèles de notre apostolat
de Brive se sont retrouvés à Saint-Pantaléon-de-Larche pour une petite retraite
à l'occasion de la fête de saint Joseph. Nous remercions M. l'abbé Brossolet,
curé de la paroisse, pour son chaleureux accueil !
Voici
le texte du sermon du chanoine Goupil, qui assura la prédication de cette
journée.
Chers
retraitants,
Comment
S. Joseph peut-il nous aider à entrer dans la Semaine Sainte, lui qui ne l’a
pas vécue ici-bas, puisqu’il était déjà mort depuis un certain temps lorsque le
Christ a inauguré sa vie publique ? Quel message peut bien avoir à nous
délivrer S. Joseph, lui qui ne prononce aucun mot dans les Évangiles ?
Le
personnage est silencieux, certes, mais son nom est éloquent : en effet,
comme toutes les vertus chrétiennes sont réunies en S. Joseph, les principales
vertus sont réunies dans son nom propre, que je me propose de vous dévoiler.
Le
J de Joseph, d’abord, c’est la
Justice : les Évangiles nous disent que c’était un « homme juste », c’est-à-dire un
saint homme. Il n’était pas concevable que celui qui allait jouer le rôle de
père de Jésus sur terre ne soit pas un saint : il a donc été sanctifié,
non seulement d’avance par le Bon Dieu, mais aussi par la présence quotidienne
de la Sainte Vierge dont il était l’époux, et celle de l’Enfant-Jésus, dont il
était le père. Comment en effet ne pas être un saint au contact de la
source-même de toute sainteté, Jésus, et celle qui est Immaculée Conception
parce que conçue sans péché : Notre-Dame ? Nous aussi, plus nous nous
faisons proches de Jésus et de Marie, plus nous sommes sanctifiés et rendus meilleurs.
Le O, c’est l’obéissance : chaque fois que l’Évangile nous parle
de lui, c’est pour nous dire qu’il obéit à Dieu, par exemple cette
phrase : « Se levant, il fit
tout ce que Dieu lui avait demandé ». « Se lever », dans la
Bible, signifie la promptitude, la vitesse, l’énergie avec lesquelles on obéit
à un ordre. Joseph est le bon serviteur, celui qui veut obéir en tous points à
la volonté du Père. Il ne sait pas où Dieu le conduit, mais il lui suffit de
savoir qu’il est guidé par sa main. Jamais il ne pose de question et encore
moins n’oppose de résistance : il va jusqu’au bout de son devoir sans se
laisser décourager.
Le S, c’est le silence : S. Joseph ne fait pas de bruit ;
les Évangiles ne nous rapportent aucune parole de lui, je vous le disais, car
il sait que le devoir d’un serviteur, ce n’est pas de parler mais d’écouter la
voix de son maître. Le silence, c’est l’ambiance indispensable d’une vie qui
cherche à rejoindre le Bon Dieu. Il ne faut pas regretter de n’avoir de lui
aucune parole, car son message, sa grande leçon, c’est précisément son silence.
Le bruit ne fait qu’agiter notre âme ; il nous faut réapprendre, à
l’exemple de S. Joseph, le prix du silence ! Se taire pour ne pas nous
justifier d’une maladresse que l’on a faite, se taire lorsqu’on nous insulte…
comme Jésus qui restait muet lors de son procès.
Le E, c’est l’éducation : Joseph a eu le privilège d’éduquer
l’Enfant-Jésus, lui son Maître ! De lui apprendre à parler, lui qui est le
Verbe ! De lui apprendre à marcher, lui qui est la Voie (le Chemin) !
De lui transmettre son savoir, lui qui sait tout ! De lui apprendre un
métier, lui qui est Dieu ! Aujourd’hui, c’est nous que S. Joseph veut
éduquer dans la foi, alors mettons-nous à son école pour grandir dans la connaissance
et l’amour de Dieu.
Le P, c’est la piété, l’esprit de prière : avec quel amour
devait-il tenir l’Enfant-Jésus dans ses bras, le porter dans ses grosses mains
viriles de charpentier ! Toute la journée, il vivait dans l’intimité de
Dieu, non seulement parce qu’il bénéficiait de la présence de Jésus dans son
atelier, mais aussi parce qu’il se retirait souvent pour prier Dieu en silence.
Chaque jour, il confiait sa journée et son travail au Bon Dieu, comme j’espère
vous le faites aussi pour offrir votre bonne volonté, et unir vos efforts à
ceux de Jésus, surtout en ce temps de la Passion.
Le H, enfin, c’est l’humilité. Elle termine son nom, mais elle est la
première de ses vertus. Impossible d’être un bon serviteur, bien obéissant,
juste et pieux si l’on ne se fait pas d’abord petit devant Dieu. Et pourtant,
S. Joseph avait de quoi se glorifier, se croire grand et important : non
pas par son modeste métier d’artisan, mais parce que, déjà, il était fils de
roi : le descendant de David, et qu’il devenait ensuite chef de la Sainte
Famille, époux de Marie et père de l’Enfant-Dieu, qui lui obéissaient tous les
deux. Mais non, S. Joseph au contraire se sait indigne d’une telle grâce et
toute sa vie, il remercie le Bon Dieu de l’avoir choisi lui pour remplir une si
grande mission, et pourtant cachée aux yeux des hommes de son temps. Et il faut
dire que son humble discrétion se poursuit encore aujourd’hui… sauf pour ceux
qui savent le prier avec confiance, car sainte Thérèse d’Avila avouait
elle-même : « Jamais S. Joseph
ne m’a fait défaut lorsque je l’ai invoqué, et même au détail prêt ».
Pour
aller jusqu’au bout de notre Carême, prenons S. Joseph comme compagnon de
route. Sa mission nourricière n’est pas finie : il veut continuer à
élever, éduquer et faire grandir, non plus l’Enfant-Jésus, mais nos « petites »
âmes pour les conduire à son Fils Jésus !
Ainsi soit-il.