jeudi 6 septembre 2018

Pèlerinage de la Saint-Louis 2018 : sermon du chanoine Guitard


Chrétien, qu’es-tu venu faire ici ?
Retrouver des amis chers pour marcher avec eux et t’entretenir avec eux des projets de la prochaine rentrée ? Admirer la beauté de ce site splendide ? Mettre tes pas dans ceux de tant d’illustres personnages de notre histoire ?
Peut-être un peu de tout cela… Mais il y a ici plus encore !
Tu n’es pas venu en simple randonneur, encore moins en touriste ou en curieux, mais tu es venu en pèlerin.
Ici réside la Reine du Ciel, la Reine des anges, la Mère de Dieu. Ce lieu est le sien, c’est un lieu sacré, et il convient que tu en sois bien conscient lorsque tu pénètres dans ce sanctuaire.
Tu as pu le contempler, ce sanctuaire, en arrivant. Tu as pu remarquer que la chapelle de Notre-Dame est au cœur ; elle est située entre le village (qui symbolise le monde, cette vie terrestre destinée à finir un jour) et le château (qui symbolise le Ciel, le Royaume de Dieu où nous attend la sainte Trinité). Notre-Dame est comme disposée entre le ciel et la terre, elle est la porte du ciel, elle est la médiatrice de toutes les grâces. Rien ne nous est dispensé d’En-haut sans passer par ses mains, tout comme rien ne monte vers le Ciel sans son intercession puissante.
Chrétien, si tu es ici aujourd’hui, ce n’est pas par hasard, ce n’est pas pour rien, mais c’est dans un but bien précis, connu de la Providence et établi par Elle de toute éternité.
Comme le roi saint Louis en son temps (en 1244), tu es venu ici pour prier Marie : pour La louer, pour La remercier, pour Lui demander les grâces de son Fils.

1.      Louer Marie
Comme saint Louis, animés de foi, nous souhaitons rendre à la Mère de Dieu les hommages qui sont dues à sa grande dignité de Mère de Dieu.
Marie est la plus parfaite des créatures. Nous contemplons en Elle le chef-d’œuvre de Dieu.
En effet, elle ne dit pas : « j’ai fait de grandes choses », mais plutôt : « le Seigneur a fait en moi de grandes choses ». Elle ne nie pas les dons reçus, mais Elle les attribue entièrement à Dieu. Elle ne retient rien, absolument rien, pour Elle-même. Elle ne se met jamais en avant, car Elle sait qu’Elle tient tout de Dieu.
Rappelez-vous, à Lourdes, Marie faisait bien passer entre ses doigts les grains de son chapelet, mais elle ne récitait pas les Ave Maria avec Bernadette. L’excellence de l’humilité de Marie lui interdit de parler d’elle-même en termes de louanges. Les humbles en effet ne cherchent pas à briller, à se faire estimer, mais à plaire à Dieu, à être utile et à faire du bien.
C’est également ce qu’a fait saint Louis. Il fut grand parce qu’il fut humble. Il ne perdait à aucun moment de vue qu’il n’était que le lieutenant du Christ, qui est le roi des rois et le véritable roi de France. Il voyait dans le Royaume de France une ombre, une antichambre du Royaume éternel des cieux, et il souhaitait y conduire tous ses sujets.
Continuons à louer les mérites de Marie par nos chapelets quotidiens lancés avec ferveur vers le Ciel. Ces Ave Maria forment assurément une couronne que nous offrons à Marie notre Mère.

2.      Remercier Marie
Nous devons La remercier, car Elle intercède puissamment pour nous.
Des miracles sans nombre ont été opérés par l’intercession de Notre-Dame de Rocamadour, même à distance. Rien qu’au XIIe siècle, alors que le pèlerinage est en plein essor, on recense plus de 120 miracles de natures diverses : sauvetages en mer ou d’incendie, ou encore guérisons et même des résurrections.
Lorsqu’il est opéré à distance, le miracle est accordé contre une promesse de venir en pèlerinage auprès de la Vierge.
C’est pourquoi saint Louis est venu ici : notamment pour remercier Notre-Dame de Rocamadour de la naissance du Dauphin.
Elle nous prie de venir auprès d’Elle, pour que nous remerciions son Fils. Elle sait que nous oublions souvent – trop souvent – de remercier, et que nous attirons sur nous, par l’ingratitude, la dureté de cœur et la tristesse.
Nous sommes trop souvent blasés, tristes, parce que nous ne voyons plus la main de Dieu qui intervient dans nos vies. Laissons-nous émerveiller par toutes les bontés de Dieu envers nous.
Tous ici, nous avons reçu les bienfaits de notre Mère du ciel durant l’année écoulée. C’est notre devoir filial de remercier Marie et son divin Fils.

3.      Demander
Il y a tant de grâces à demander…
En ce jour de la fête de saint Louis, demandons particulièrement la grâce de la conversion de notre pays. Le salut de la France viendra (et ne peut venir que) de Dieu, comme déjà par le passé.
Rappelez-vous, dans les années 1420, la situation est dramatique. La France est coupée en trois. Les Anglais occupent Calais, la Normandie, le Maine, Chartres, Paris et la Guyenne. Leurs alliés, les Bourguignons, possèdent la Flandre et la Bourgogne, et contrôlent Reims et Troyes. Charles VII, roi en titre, n’est reconnu que dans le centre et le sud du pays, et dans de rares enclaves à l’est. De plus, à cause de l’épidémie de peste noire du siècle précédent, la France est peu peuplée. Nombre de villes ou de villages sont ravagés par la guerre, les campagnes sont dangereuses, la mortalité infantile est considérable et les adultes, mal nourris, meurent jeunes[1].
En 1427, le pape Martin V accorde l’indulgence plénière à tous ceux qui se rendraient en pèlerinage à Rocamadour (LE sanctuaire marial français à l’époque) pour prier pour la France ; très nombreux sont ceux qui répondent à l’appel du pape.
Nous sommes en 1427 ; deux ans plus tard, Dieu intervient concrètement, visiblement et d’une manière décisive à travers sainte Jeanne d’Arc : Orléans est délivrée miraculeusement et Charles VII est sacré à Reims. Ces deux événements marquent un tournant qui relèvera la France, comme l’on sait.
Voilà un miracle éclatant opéré par l’intercession de Notre-Dame de Rocamadour. Miracle qui dissipe tout scepticisme.
Il peut encore se produire aujourd’hui, à condition que nous ayons plus de foi, plus de persévérance, plus de confiance… N’obligeons pas le bon Dieu à nous faire descendre encore plus bas dans les horreurs de l’apostasie, de la manipulation de la vie, de l’assassinat des enfants à naître, de la déchristianisation de notre pays, de l’invasion islamique.
Convertissons-nous ! Marie nous a promis son intercession ; Elle tiendra parole, à condition que nous lui demandions son aide.

Conclusion
Alors, chrétien, tu es monté ici pour voir Marie. Elle t’arrête car Elle veut finir la route vers le Ciel avec toi. Elle veut te constituer son enfant.
Suis-La aujourd’hui et tous les jours de ta vie jusqu’au moment où Elle t’introduira en Paradis.
Ainsi soit-il.


[1] Cf. Jean SEVILLIA, Histoire passionnée de la France.